Tour des composantes. Jean-Paul Meyer a pris la direction de la Faculté des lettres en septembre. Offre de formation, pédagogie, international… Le nouveau doyen évoque les projets et perspectives de sa composante.
Qu’est-ce qui vous a mené à la fonction de doyen ?
J’ai jugé que c’était le bon moment pour apporter des choses à cette faculté, que je connais bien. Spécialisé en sciences du langage, j’y enseigne depuis 2005, après une longue carrière dans le premier degré.
Je m’inscris dans une dynamique du changement, auquel je suis fondamentalement attaché – et que j’envisage plutôt comme un état d’esprit. Beaucoup de choses ont été impulsées par mon prédécesseur. Je souhaite poursuivre dans cette dynamique, la concilier avec une nouvelle manière de travailler ensemble. Rien n’est jamais acquis, il ne faut pas l’oublier, sinon on s’endort !
Quels grands chantiers vous attendent ?
Celui de la professionnalisation, par exemple, ou celui de l’approche par compétences, déjà amorcé. Ce n’est pas trop dans notre culture universitaire, encore verticale et scolastique. Mais cela progresse, avec la création du master Métiers de l’édition ou la licence Humanités.
En matière de numérique, il me revient de transformer l’essai, à la fois pour proposer plus de cours en ligne et faire de notre site davantage qu’une vitrine : un lieu de production et de diffusion de la création.
Cette dimension est très liée au volet pédagogie : plusieurs de nos enseignants se forment auprès de l’Institut de développement et d’innovation pédagogiques (Idip). L’enjeu porte surtout sur l’accroissement de l’implication des étudiants dans leur apprentissage.
Que pouvez-vous nous dire de votre nouvelle offre de formation ?
Entrée en application à la rentrée, elle met l’accent sur les blocs de compétences, l’évaluation continue intégrale ou encore la spécialisation progressive en licence. Certains ajustements et approfondissements sont cependant nécessaires, notamment pour s’adapter au nouvel « arrêté licence ».
Qu’a-t-on à offrir à un public déjà en emploi, à des personnes souhaitant se former en alternance ? Ce sont des questions que nous devons nous poser.
L’international vous tient aussi beaucoup à cœur…
En tant qu’ancien directeur adjoint de l’Institut international d’études françaises (IIEF), je suis depuis longtemps un défenseur de la francophonie. Je souhaite donc renforcer la mobilité sortante de nos étudiants : même si en lettres cela ne semble pas évident pour tout le monde, aller s’ouvrir à l’étude des textes français à l’étranger, c’est une grande richesse ! Il s’agit d’améliorer la réciprocité des échanges, puisque notre faculté attire (voir chiffres). Les correspondantes Relations internationales ont un important rôle à jouer.
Dans la continuité du master Cultures littéraires européennes (Erasmus mundus) ou celui de philologie classique, je souhaite développer la co-diplomation, à commencer par le niveau master. Je pense spontanément à nos partenaires historiques : Algérie, Serbie, Iran…
En quoi ce niveau master est-il clé ?
C’est son offre de formation en master qui tire une faculté vers le haut. Nous souffrons d’une déperdition d’étudiants, qui une fois leur licence en poche, partent en Ecole supérieure du professorat et de l’éducation (Espé), en école d’orthophonie, etc. Or, en littérature et en sciences du langage par exemple, on a besoin de professionnels formés dans les institutions, les fonds de recherche… Saviez-vous que 75 % des fonctions de communication de votre smartphone sont développés à partir des sciences du langage ? Il est crucial d'améliorer notre lien licence-master.
Qu’en est-il de vos liens avec les autres disciplines ?
Ils sont anciens et nombreux. Je pense par exemple aux arts du spectacles ou aux langues. Nous travaillons efficacement en lien au sein du collegium « Arts, lettres et langues ».
Elsa Collobert